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Vie associative au Pays de Lanouaille en Périgord Vert, tourisme, culture, loisirs, randonnée,activités de pleine nature

Histoire du tumulus du Tuquet

La petite histoire du tumulus du Tuquet à Lanouaille vient d'être évoquée dans le bulletin municipal, après avoir été 001-copie-5vérifiée par Christian Chevillot, le spécialiste périgourdin des Gaulois.

En étant moi-même le modeste auteur, je souhaite en faire profiter aussi mes lecteurs internautes.

 

Le tumulus en 1963

 

 

"Retracer l’histoire locale celte (ou gauloise) devient à « la mode » mais reste difficile étant donné le peu de vestiges subsistants. Le thème de la Journée du Patrimoine de Pays du 19 juin 2011 « Patrimoine caché » fut cependant l’occasion pour le Comité d’Animation Touristique et Culturelle du Pays de Lanouaille (CATC) de s’intéresser modestement à cette période historique en faisant émerger les documents locaux connus à ce jour, en appelant à la rescousse un spécialiste en la matière, Christian Chevillot, de l’Association pour le Développement de la Recherche Archéologique et Historique du Périgord (ADRAHP) et en apportant le témoignage précieux de Pierrette Laville.

Ainsi, au cours d’un circuit en voiture, il nous a retracé « la vie des premiers paysans du néolithique aux Gaulois » : incontournable dolmen de Pierre Levée à La Morélie à Payzac, Castelsarrazi à Gandumas mais surtout évocation des tumuli de la Durantie, sujet qui nous intéresse plus particulièrement.

En 1877, Henri Ribault de Laugardière, dans sa monographie du canton de Lanouaille avait signalé au lieu-dit Le Bois du Tuchey (ou Tuckey ou Tuquet) près de La Durantie deux tumuli du premier âge de fer. L’un des deux fut détruit en 1900, ne conservant qu’une grosse pierre en son centre.  

 Le second, de forme ovale aux dimensions approximatives de 15 m de long, 12 m de large et 4 m de hauteur avait fait l’objet de fouilles en 1963 sous la direction de M.C Cauvin sans résultat par des archéologues dont Henri Laville de Lanouaille. Il servait de terrain de jeux et de découverte aux galopins de l’époque.

dessins-Laurent.jpgEn 1969, lors de fouilles de sauvetage demandées par le Directeur des Antiquités préhistoriques, avant le nivellement du tertre, furent découverts, sous les premiers niveaux de pierraille, des tessons de quatre vases en céramique au décor peint au graphite, des fragments d’un vase en bronze et une boucle d’oreille en électrum pouvant être à attribués au Hallstatt (1er âge du fer) d’après François Bordes. Henri Laville continua à  fouiller et observa une base de construction en pierre. D’après Christian Chevillot, cet ensemble date parfaitement cette sépulture à incinération dans la deuxième moitié du VIème siècle av. J-C. Le type de construction de ce tertre en terre qui recouvre un « galgal » de pierres protégeant la sépulture est commun à d’autres nécropoles voisines (Jumilhac, Glandon, Château-Chervix).

Pierrette Laville, épouse du frère de Henri, le docteur Pierre Laville, lui-même diplômé et passionné de préhistoire, tenait table ouverte pour les chercheurs. Elle se souvient de leur appétit féroce aiguisé par le travail physique des déblaiements.

Christian Chevillot nous fit remarquer l’emplacement de ces tumuli à proximité d’une « pouge » (chemin empruntant les crêtes) passant à Pierrebrune près d’Angoisse, Miremont, Pierre Levée. On peut la rapprocher aussi de Pierrebrune des hauts d’Excideuil…

Une parenthèse sur Miremont : dans son « Inventaire des grottes et abris préhistoriques de la Dordogne », en 1913, Franck Delage répertoriait une grotte à Miremont. Des habitants du lieu-dit se souviennent avoir joué, enfants, dans un « souterrain ». Lors de leurs recherches pour le bulletin municipal de 1998, les historiennes de Lanouaille avaient relevé aux Archives Départementales la présence d’une « caverne sépulcrale » à « Marcomonte », possession du monastère d’Attanum au VIème siècle. Tous ces indices portent à croire qu’il y eut bien un autre tumulus à Miremont haut. S’est-il effondré, l’a-t-on comblé ? Il n’en reste rien.

Ce cheminement de crête dont nous parlons ci-dessus ne nous fait-il pas penser, à quelque chose près, à la limite géographique et géologique entre Limousin et Périgord ? Servait-elle un peu plus tard aux échanges sociaux et commerciaux entre Lémovices et Pétrocores ? A l’époque, malgré la mise en garde des scientifiques, ce témoin historique a définitivement disparu ! Quand on regarde le dolmen bancal de la Morélie, on peut supposer qu’il a été victime d’une fouille ancienne qui l’a déstabilisé !

boucle oreille électrumRevenons à la boucle d’oreille en électrum, alliage d’or et d’argent. Ses « inventeurs », MM. Laville et Laurent (dessinateur exceptionnel) la décrivent comme « un bijou très élaboré et exceptionnellement beau » : diamètre 10 mm, largeur 5 mm , épaisseur 0,8 mm.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

repro-boucle-Tuckey.jpgChristian Chevillot nous rapporte que ce bijou a intéressé Alessandro Pacini, orfèvre et spécialiste italien de l’archéologie expérimentale étrusque. Il en a réalisé une copie, retrouvant les gestes et la technique des fils torsadés, des sphères, de la soudure etc… Cette boucle d’oreille est un témoignage important du commerce et des relations entre les premières communautés gauloises de notre région et le monde méditerranéen, car c’est une pièce d’origine ou d’influence étrusque. Comme le veut la loi, l’original avait été remis aux propriétaires de l’époque, la famille De Lauzun".

Sources : carte archéologique de la Gaule, Dordogne, Hervé Gaillard ; ADRAHP, bulletin DAHP n°17, 2002.

Photos : Famille Laville, Jacqueline Poltorak

L’occasion nous est donnée d’évoquer la mémoire de l’archéologue préhistorien Henri Laville. Il était né à Lanouaille le 7 février 1937. Les plus anciens se souviennent de l’épicerie que tenait la grand-mère au Puy de Lanouaille. Il décédait à Pessac le 27 décembre 1995 à l’âge de 58 ans. Il fit des études universitaires en préhistoire et géologie. Il avait étudié tous les grands sites de Dordogne et avait fouillé le site des Ourteix près de Tourtoirac. Le petit musée du village renferme ses trouvailles. Le journal Sud-Ouest du 15 janvier 1996 retraçait rapidement sa brillante carrière : «  Au Centre national de préhistoire de Périgueux (CNP), son directeur Jean-Philippe Rigaud, qui lui succéda à la tête de l’Institut du Quaternaire à Bordeaux, explique qu’ils furent camarades d’étude et eurent des carrières parallèles, partant tous deux aussi bien en mission en URSS que fouillant au Moustier. Il fut directeur de recherche au CNRS  en géo-archéologie. Auteur d’une thèse sur la reconstitution des climats paléolithiques à travers l’étude des sédiments - ouvrage de référence - Henri Laville avait activement travaillé également à la coopération préhistorique avec l’Espagne, Israël ou la Turquie. Il avait aussi œuvré à la Mission Française d’archéologie dans les Balkans, en liaison avec Polonais et Bulgares. Comme le dit Chantal Leroyer, spécialiste des pollens au CNP :  Henri Laville était un grand monsieur de la Préhistoire ».

 

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